Non seulement le réchauffement climatique fournit les conditions propices à une météo instable mais il augmente aussi la fréquence des évènements graves.
Tempêtes, érosion, mouvements de terrain, canicules, sécheresse, avalanches… La grande majorité du territoire, en France métropolitaine comme dans les outre-mer, est exposée à un ou plusieurs risques naturels susceptibles d’avoir de lourdes conséquences sur un territoire, ses habitants et son économie. Alors que le changement climatique fournit les conditions propices à une météo instable, franceinfo s’est concentré sur trois indicateurs qui touchent des régions disparates de France métropolitaine : les inondations, les feux de forêts et les mouvements de terrain.
Pour connaître le ou les risques auxquels est exposée votre commune ainsi que son indice d’exposition, entrez son nom dans le moteur de recherche ci-dessous.
Des risques multiples sur tout le territoire
En janvier, le ministère de la Transition écologique a rendu public un rapport sur la vulnérabilité de la France face aux risques climatiques (PDF), basé sur les données de l’année 2016. A l’époque, six Français sur dix étaient exposés à au moins un de ces risques : inondation, feu de forêt, avalanche et phénomène atmosphérique.
Le risque d’inondations est le plus répandu : il concerne 64% des communes, en raison notamment de l’“implantation historique des villes le long des cours d’eau, utilisés alors comme voies de transport et renforcée depuis”. Un constat qui “vaut également pour les territoires littoraux, confrontés à une urbanisation toujours croissante, en lien avec la pression touristique”.
La carte des risques d’inondation :
Les risques de feux de forêt concernent quant à eux en majorité des communes de Provence-Alpes-Côte d’Azur, de Corse, du Languedoc-Roussillon, de la Drôme, de l’Ardèche et de la région Aquitaine.
La carte des risques de feux de forêt :
Par ailleurs, 55% des communes sont exposées à un risque de mouvements de terrain. Les sols argileux sont particulièrement vulnérables dès lors qu’ils sont fragilisés par l’alternance de sécheresse et de précipitations. Aussi répandu que peu médiatisé, car moins spectaculaire qu’une coulée de boue dévalant une vallée ou qu’un mur de flamme léchant les abords d’une station balnéaire, ce phénomène de retrait-gonflement argileux touche aussi bien le nord de la France que la Bretagne, le Grand-Est et le sud du pays.
La carte des risques des mouvements de terrain :
La densité de population, l’aménagement du territoire, le contexte socio-économique, le profil démographique et, bien sûr, la survenue d’un épisode météorologique extrême sont autant de facteurs susceptibles de transformer un aléa (un important phénomène pluvieux, par exemle) en catastrophe. “C’est une conjonction d’éléments”, explique Agathe Euzen, directrice adjointe scientifique à l’Institut écologie et environnement du CNRS.
C’est une évidence, un événement extrême, comme une tempête, qui survient dans un territoire qui n’est pas habité a beaucoup moins de conséquences que dans les territoires occupés par des activités humaines, des habitations, des infrastructures… qui tendent à se développer et sont par conséquent plus vulnérables.à franceinfo
Ainsi, de fortes pluies ne suffisent pas à provoquer des inondations. De même, une canicule ou la sécheresse ne peuvent être les seules responsables de feux de forêt.
“Par nature, un risque est imprévisible”, abonde le climatologue Hervé Le Treut, président d’AcclimaTerra, le comité régional sur le climat en Nouvelle-Aquitaine. “En revanche, nous sommes capables de déterminer quelles zones sont exposées à quels dangers. Par exemple, là ou l’eau s’écoule dans une passe très étroite, c’est une eau qui peut aller très vite et être très violente. Mais il existe toujours une part d’inattendu, c’est ça la difficulté.”
Ainsi, Saint-Martin-Vésubie, commune en partie détruite par les intempéries du 2 octobre, bénéficiait d’un indice de risque “faible”. Il était même “très faible” à la Bollène-Vésubie, où la rivière a emporté la route sur laquelle circulait une voiture avec deux pompiers à bord. De même, un phénomène peut toucher une région une année et une autre la suivante, rendant difficile la perception de ce risque pour les habitants et les pouvoirs publics locaux.
Des évènements plus intenses et plus fréquents
Les climatologues interrogés par franceinfo sont formels : les risques sont en augmentation du fait du changement climatique, y compris sur le territoire français, comme en témoignent les données du ministère de la Transition écologique. Le rapport de janvier indique que la fréquence annuelle des “accidents très graves” – qui ont fait plus de 10 victimes et/ou plus de 30 millions d’euros de dégâts – a quasiment quadruplé en 20 ans : d’un événement par an entre 1950 et 1996, nous sommes passés à 3,6 sur la période 1997-2017. Or, depuis la récolte de ces données, les ouragans Maria et Irma ont balayé les Antilles, la ville de Cannes s’est à nouveau retrouvée sous les eaux, la France a connu plusieurs épisodes caniculaires (parfois dans le même été), une crue de l’Aude a fait d’importants dégâts…
“Tous les territoires vont devoir vivre avec des incertitudes plus fortes qu’avant”, abonde Antoine Nicault, écologue et paléoclimatologue, membre du GREC-Sud, le groupe régional d’experts sur le climat en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Dans sa région, la hausse de la température de la Méditerranée couplée à la hausse de la température de l’air a pu, avec la présence d’un flux de Sud-Ouest, créer les conditions idéales pour les précipitations exceptionnelles observées cet automne dans les Cévennes et l’arrière-pays niçois.
“On a un doublement de la fréquence des évènements qui dépassent les 200 mm de pluie par jour, soit la limite à partir de laquelle on parle d’épisode méditerranéen. On observe aussi une augmentation de l’intensité de ces épisodes de l’ordre de 22%”, remarque Antoine Nicault.
Ces événements ont toujours existé. Sauf qu’avec le changement climatique il y a une pression sur certaines variables à l’origine de ces phénomènes.à franceinfo
De même, la hausse du niveau des océans accroît l’érosion et le risque de submersion en cas de tempête, en Nouvelle-Aquitaine, du côté de chez Hervé Le Treut.
“La France est un observatoire très intéressant car nous connaissons à la fois les problématiques des pays du bassin méditerranéen et celles des pays du nord”, relève à son tour la géographe Magali Reghezza-Zitt, membre du Haut Conseil sur le climat. En métropole, “nous observons une ‘méditerranéisation’ de la France avec par exemple des incendies au nord de la Loire. Ça, c’est nouveau.”
Les pompiers de la moitié nord de la France ont longtemps envoyé des forces pendant l’été dans le Sud pour combattre les incendies. Désormais, ils peuvent être appelé à intervenir sur des feux de forêts chez eux.à franceinfo
En mars 2019, les Assises nationales des risques naturels estimaient que la saison des incendies de forêts pourrait s’allonger de trois à six mois à l’horizon 2050, exposant désormais les Pays de la Loire, le Val-de-Loire et la Bretagne. Des prévisions inquiétantes qui mettent sur la table la question de l’adaptation.
Source : CARTES. Risques climatiques : quels sont les territoires les plus exposés en France métropolitaine ?